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sur la poitrine et des yeux noirs étincelaient sous l’arcade profonde de ses sourcils : sa figure osseuse était brune et son front était sillonné de rides profondes. Le moine s’approcha lentement comme un voyageur épuisé de fatigue, de l’endroit où Adolphe était assis, et s’arrêta tout-à-coup devant lui. L’expression d’une joie vive anima son visage, comme s’il connaissait le jeune homme ; mais sa physionomie reprit à l’instant son air froid et sérieux.

Adolphe, qui remarqua seulement alors la présence du moine, se leva et salua courtoisement ; sa voix avait encore l’accent de tristesse que lui donnait sa rêverie et ce n’est qu’en se faisant violence qu’il parvint à parler.

— Messire, répondit le moine, une longue marche a épuisé mes forces. Le charme du lieu que vous avez choisi, m’invite comme vous au repos ; je vous en prie, ne vous dérangez pas.

Il s’assit sur le gazon et, du geste, invita Adolphe à l’imiter. Le jeune homme reprit sa place et se trouva ainsi à côté de l’étranger. Le son de cette voix, qu’il croyait avoir entendue plus d’une fois, le troublait étrangement ; mais, ne pouvant se rappeler où il pouvait avoir vu ce prêtre, il chassa cette idée comme une conjecture impossible. Pendant quelques instants le moine fixa sur le chevalier un regard perçant, puis il demanda :

— Messire, il y a déjà longtemps que j’ai quitté la Flandre. Il me serait agréable d’apprendre de votre