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le comte de Valois en appuyant sur ces mots ; je vous prie donc d’agir en conséquence. L’honneur ne consiste pas en vaines paroles, messire de Châtillon ! Qu’importe qu’on ait les lois de la chevalerie sur les lèvres, si elles ne sont pas écrites au fond du cœur ? Celui qui n’est pas généreux à l’égard de ses inférieurs, peut ne pas l’être vis-à-vis de ses égaux.

Cette allusion à sa conduite récente, jeta Châtillon dans une extrême irritation, et il eût certainement éclaté en paroles violentes, si son frère, le comte de Saint-Pol, ne l’eût retenu en murmurant à son oreille :

— Tais-toi, mon frère, tais-toi donc !… notre chef a raison. Il ne serait pas juste d’apporter au vieux comte de Flandre un surcroît de chagrin… Son malheur est déjà assez grand !

— Quoi ! ce vassal félon a osé déclarer la guerre à notre roi ; il a tellement provoqué le ressentiment de notre nièce Jeanne de Navarre, qu’elle en est quasi-malade, et il faudrait encore user de ménagements à son égard !

— Messires, répéta à haute voix le comte de Valois, vous avez entendu ma prière. Je ne puis croire qu’un seul d’entre vous songe à manquer de générosité envers un hôte malheureux. En avant donc ! J’entends les chiens aboyer, on nous a aperçus ; car le pont-levis tombe et la herse se lève.

Le manoir de Wynendael[1], bâti par le noble

  1. Le château de Wynendael, aujourd’hui en ruines se