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de mes troupes ; ainsi donc écoutez-moi à votre tour. Je veux que la ville se rende à discrétion ; voilà ma réponse.

Châtillon n’avait pu voir sans une vague inquiétude les innombrables compagnons de métiers qui couvraient les murailles et leur martiale attitude. Il pressentait une lutte sanglante et acharnée ; dès lors la prudence lui faisait désirer que la ville se rendît. Aussi l’arrivée pacifique de de Coninck l’avait-elle rempli de joie ; mais les conditions qu’on lui offrît ne pouvaient lui convenir. Il les eût bien acceptées avec l’arrière-pensée toute politique de se soustraire par quelques détours à leur accomplissement ; mais il se méfiait du doyen des tisserands et doutait de la loyauté de ses paroles. Il résolut donc d’éprouver si les Brugeois étaient réellement décidés à se défendre jusqu’à la mort, et donna à haute voix l’ordre de faire avancer les machines de siége.

Durant l’entretien de Coninck avait, de son côté, scruté d’un œil perçant la physionomie de messire de Châtillon, et il y avait lu la résolution et l’embarras ; et ce court examen lui avait suffi pour comprendre que le général français ne désirait pas plus que lui que l’on en vînt aux mains. Il persista donc dans les conditions proposées, malgré la mise en mouvement des troupes et des machines de siége.

La froide persévérance de de Coninck trompa le général français ; il resta convaincu que les Brugeois ne le craignaient pas et qu’ils défendraient leur ville