Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

douleur, s’échappèrent de ses yeux bleus et un soupir étouffé entrouvrit ses lèvres. Les deux doyens échangèrent ensemble un de ces regards dans les quels l’âme se révèle tout entière. Ils se comprirent tout à coup, et leurs bras s’unirent dans une fraternelle étreinte.

Ces deux hommes, les plus nobles citoyens de Bruges, personnifiant l’héroïsme et la sagesse, poitrine contre poitrine, se renvoyaient une admiration réciproque.

— Ô mon vaillant frère s’écria de Coninck, votre âme est grande ! Quelle lutte vous avez eue à subir ! et pourtant vous avez vaincu.

À la vue de cette émouvante scène, des clameurs de joie s’élevèrent de tous les groupes, et tout dissentiment disparut du cœur des belliqueux Flamands. Sur l’ordre de de Coninck, le trompette des tisserands fit trois fois retentir un éclatant appel et cria au héraut d’armes français :

— Votre chef accorde-t-il sauf-conduit à notre parlementaire ?

Le héraut d’armes répondit :

— Il accorde le sauf-conduit selon les usages de la guerre, et ce sur sa parole.

Sur cette assurance, la herse se leva et le pont-levis tomba pour livrer passage à deux bourgeois. L’un d’eux était de Coninck et l’autre le héraut d’armes des métiers. À leur arrivée dans le camp français, ils furent conduits dans la tente de messire de Châtillon.