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ditation, et que les autres chevaliers se renvoyaient l’un à l’autre d’ironiques coups d’œil sur la disposition mélancolique de leur maître, le château de Wynendael apparut tout à coup devant eux avec ses hautes tours menaçantes et ses gigantesques remparts.

— Noël ! Noël ! s’écria avec joie Raoul de Nesle ; voilà enfin le terme de notre voyage ! Nous voyons Wynendael en dépit du diable et de la sorcellerie !

— Je voudrais le voir en flammes ! murmura Châtillon : il m’a déjà coûté un excellent cheval et un fidèle serviteur.

En ce moment, le chevalier qui portait les fleurs de lis sur la poitrine, se retourna, et dit, la main tendue vers le château que l’on découvrait en ce moment en entier :

— Messires, ce château est la demeure de l’infortuné comte de Flandre, Guy de Dampierre ; c’est un père à qui l’on a arraché son enfant, un souverain dont nous avons conquis le pays, grâce au bonheur de nos armes. Je vous en prie, messires, ne paraissez pas devant lui avec la fierté des vainqueurs, et n’accroissez pas ses douleurs par de hautains discours.

— Comte de Valois, répondit Châtillon avec une certaine amertume, croyez-vous donc que les lois de la chevalerie nous soient inconnues, et ne sais-je pas, moi qui vous parle, qu’il est du devoir d’un chevalier français de se conduire généreusement après la victoire ?

— J’apprends avec plaisir que vous le savez, reprit