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répandre sur le marché. Dès lors leur projet devint évident, ils voulaient enfermer tous les cavaliers dans un cercle, et dans ce but ils étendaient leur aile droite jusqu’au marché aux bœufs. Mais bientôt les chevaliers vaincus tournèrent bride et prirent la fuite pour échapper à une mort certaine. Les tisserands et les bouchers se mirent à leur poursuite en poussant des clameurs de triomphe. Toutefois la rapidité de leurs chevaux les sauva, et les bouchers ne purent parvenir à les rejoindre.

Le son des trompettes et le bruit du combat avaient jeté l’alarme dans la ville entière. En un instant tous les habitants furent sur pieds. Des milliers de bourgeois armés accoururent de toutes les rues en aide à leurs frères ; mais la victoire s’était déjà prononcée. Les léliards s’étaient réfugiés au Burcht, et cette place fut cernée et surveillée de tous les côtés par les gens des métiers.

Pendant que ces événements se passaient sur le marché, le comte de Châtillon s’approchait de la ville avec cinquante cavaliers. Il avait bien prévu qu’elle serait fermée et qu’elle soutiendrait un véritable siége. Aussi avait-il chargé son frère Guy de Saint-Pol de lui amener un nombreux renfort d’infanterie avec le matériel nécessaire. En attendant ce secours, il s’apprêtait déjà à l’assaut et cherchait le côté le plus faible de la ville. Bien qu’il ne vît que peu de monde sur les remparts, il jugea prudent de ne rien entreprendre seul avec de la cavalerie ; il con-