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Maître Brakels ne laissa pas à de Coninck le temps de continuer et il s’écria :

— Et moi, je le répète, quoi que vous puissiez dire, il n’y a pas honte à obéir à un prince étranger ; au contraire, nous devrions nous réjouir de faire partie de ce grand et noble pays de France. Qu’importe à une nation commerçante sous quel souverain elle s’enrichit ? L’or des Turcs est tout aussi précieux que le nôtre !

À ces mots l’irritation contre Brakels arriva à son comble et l’on ne répondit plus à ses paroles. De Coninck poussa un profond soupir et dit :

— Ô honte ! ô tache ineffaçable ! un léliard, un bâtard a parlé dans la maison des tisserands !

Une tumultueuse agitation se répandit alors dans l’auditoire et un grand nombre lancèrent à maître Brakels des menaces inspirées par la colère.

Tout à coup une voix domina le tumulte et s’écria :

— Chassons le léliard ! Pas d’émissaire de l’étranger parmi nous.

Et ce cri fut cent fois répété.

De Coninck dut employer toute l’influence qu’il avait sur ses collègues pour les calmer ; beaucoup d’entre eux voulaient recourir à la violence, et la proposition fut faite à l’instant d’exclure maître Brakels ou de le condamner à une amende de quarante livres de cire.

Pendant que le secrétaire était occupé à recueillir les voix, Brakels se tenait devant le doyen et ne té-