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les ennemis de notre liberté, les ennemis de notre bonheur forgent des fers pour nous enchaîner ! Les magistrats et les léliards, afin de flatter les maîtres étrangers, ont déployé à leur entrée un luxe extraordinaire ; ils nous ont forcés à élever deux trônes et des arcs de triomphe, nous avons obéi : mais maintenant ils voudraient nous faire payer du prix de notre travail leurs lâches dilapidations. Frères, leur prétention est contraire aux priviléges de la ville et du métier. C’est là une première tentative, c’est un premier essai du joug d’esclave qu’on veut faire peser sur nous. Les perfides léliards permettent que leur comte, notre légitime suzerain, gémisse dans une prison étrangère, afin de pouvoir nous dominer plus facilement ; les léliards sont nos ennemis et nos oppresseurs. Depuis longtemps le peuple travaille et s’épuise pour eux comme des bêtes de somme ; mais, ô Brugeois, mes concitoyens, il vous a été donné de recevoir le premier rayon venu du ciel ; les premiers, vous avez brisé vos chaînes : l’avez-vous oublié ? Non, vous ne l’avez pas oublié, héroïques citoyens, vous avez brisé les fers de la servitude et vos fronts ne se courbent plus honteusement devant des maîtres tyranniques. Aujourd’hui, tous les peuples de la terre portent envie à notre prospérité, et admirent notre grandeur. Eh bien ! n’est-il pas de notre devoir de garder intacte cette liberté qui fait de nous le plus noble peuple du monde ? Oui, c’est un devoir sacré… et qui l’oublie