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drait voir le dernier Flamand accroché à une potence.

— Voilà qui s’appelle s’exprimer en reine ! s’écria Châtillon ! Si je deviens jamais gouverneur de ce pays, ainsi que me l’a promis ma gracieuse souveraine, je vous garantis messires, que sa cassette regorgera d’argent et que je saurai bien la débarrasser de Pierre de Coninck, des métiers des guildes et de toute cette guenille de gouvernement populaire. Ah ça ! mais, pourquoi donc cet audacieux manant écoute-t-il notre conversation ?

Le Flamand qui leur servait de guide, s’était approché sans qu’on s’en aperçût et avait recueilli d’une oreille attentive les propos échangés entre les chevaliers. Dès qu’il s’aperçut qu’il était découvert, il s’élança à travers les arbres de la forêt : une indéfinissable expression se peignit sur ses traits ; il s’arrêta à quelque distance et tirant son poignard de sa gaîne de cuir

— Messire de Châtillon, s’écria-t-il d’un ton menaçant, regardez bien cette lame afin de pouvoir la reconnaître le jour où elle vous frappera au cœur.

— N’y a-t-il donc aucun de mes hommes qui me débarrasse de ce drôle ? s’écria Châtillon avec fureur.

À peine avait-il prononcé ces mots qu’un robuste soldat sauta à bas de son cheval, et courut, l’épée nue, sur le jeune homme. Celui-ci s’arrêta court, remit tranquillement son poignard dans son fourreau,