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cette somme à domicile samedi prochain et que ceux qui, par fraude ou violence, voudraient se refuser à ce payement, y seraient contraints de par la loi, par messire le bailli. »

Les bons bourgeois, qui entendirent cette proclamation, commencèrent par se regarder les uns les autres avec stupéfaction, puis ils murmurèrent, mais à voix basse, contre cette décision arbitraire. Parmi eux se trouvaient quelques compagnons du métier des tisserands, et ces derniers se hâtèrent de donner connaissance du fait à leur doyen.

De Coninck apprit la nouvelle avec un vif mécontentement. Une atteinte aussi directe aux priviléges de la commune renouvelèrent ses craintes et augmentèrent sa méfiance. Il vit, dans cet ordre, le présage de la tyrannie que les nobles allaient essayer de faire peser de nouveau sur le peuple, et il résolut de déjouer cette première tentative soit par la ruse soit par la force. Il savait qu’il succomberait peut-être victime de son attachement à la patrie, puisque l’armée française n’avait pas encore quitté la Flandre ; mais cette perspective ne l’arrêta pas. De Coninck s’était depuis longtemps dévoué corps et âme aux intérêts de la ville qui l’avait vu naître.

Sa résolution prise, il appela le concierge du métier.

— Va, à l’instant même, lui dit-il, trouver tous les maîtres, et prie-les, en mon nom, de se rendre au Pand. Dis-leur qu’ils ne tardent pas d’une minute