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en tout sens, sans montrer la moindre envie de prendre du repos. Elle promenait, autour d’elle, un regard plein de flammes. La dame d’atours, qui ne comprenait rien à ses gestes et à ses allures étranges et qui voyait la nuit s’avancer, s’approcha d’elle et lui dit avec une respectueuse déférence :

— Votre Majesté compte-t-elle veiller encore longtemps et dois-je me procurer un autre chandelier mieux garni que celui-ci ?

— Non, répondit la reine brusquement, il y a assez de lumière. Finissez vos sottes questions et laissez-moi seule… Allez dans l’antichambre attendre mon oncle, le comte de Châtillon !… Vous l’introduirez dès qu’il sera arrivé. — Allez !…

Aussitôt que la dame d’atours eut quitté l’appartement, Jeanne s’assit près de la table et laissa tomber sa tête entre ses deux mains. Elle resta dans cette position pendant quelques minutes, réfléchissant à l’outrage qu’elle avait reçu. Elle se releva tout à coup, se remit à parcourir la chambre à grands pas en faisant des gestes violents et murmurant d’une voix étouffée :

— Quoi ! un si petit peuple m’insulterait impunément, moi, la reine de France ! Une jeune fille orgueilleuse me ferait baisser les yeux ! Non, non, elle payera cher l’affront qu’elle a osé me faire !…

Une larme de rage coula sur sa joue brûlante : Soudain elle releva la tête et se prit à rire comme