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Jeanne, blessée au vif par ce muet outrage, songeait au meilleur moyen de punir et d’humilier ces sujets insolents.

Le roi Philippe le Bel, doué d’un caractère plus affable, accueillit les magistrats avec la plus grande bienveillance, et promit de prendre le plus grand souci du bien-être de la Flandre. Cette promesse n’était point une feinte de la part de Philippe, et peut-être eût-il réussi à faire le bonheur de ses sujets, aussi bien en France qu’en Flandre, s’il eût été abandonné à lui-même ; mais, pendant tout son règne, il fut la proie de deux influences déplorables qui paralysèrent et réduisirent à néant ses bonnes intentions. La première et la pire fut la domination de Jeanne dont il ne put jamais se délivrer. Lorsque Philippe le Bel avait formé un généreux projet ou pris une bonne résolution, la reine, comme un mauvais esprit, venait les renverser et le forçait à approuver ses pernicieux desseins. La seconde cause de ses fautes fut la prodigalité qui le fit recourir à tous les moyens, justes ou injustes, pour remplacer, par de nouvelles ressources, un argent follement dépensé. Au moment dont nous parlons, il formait réellement les vœux les plus sincères pour la prospérité du pays de Flandre ; mais à quoi devaient servir ces vœux, puisque Jeanne de Navarre en avait déjà décidé autrement ?

Après la remise des clefs, les princes écoutèrent pendant quelque temps les harangues des magis-