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Dès que le cortége déboucha sur le marché, les deux renommées, placées sur les piédestaux, portèrent leurs trompettes à la bouche et firent retentir sur la place la fanfare de bienvenue. À ce signal, les magistrats et quelques autres léliards se levèrent en poussant le cri : France ! France ! Vive le roi ! Vive la reine !

Un son de colère gronda dans le cœur de la hautaine Jeanne. Le peuple et les corps de métiers demeuraient froids, immobiles et muets, et nul ne donnait le moindre signe de respect ou de joie[1] ; et la reine dévorait son dépit tout en laissant apercevoir le profond mécontentement qu’elle ressentait intérieurement.

À côté, et à quelque distance du trône se trouvait un groupe de nobles dames montées sur les plus belles haquenées qui se pussent voir. Pour faire à la reine Jeanne une plus solennelle réception, elles s’étaient revêtues de vêtements si riches et de bijoux si étincelants que l’œil ébloui n’en pouvait supporter la vue.

Mathilde, la jeune et belle fille du Lion de Flandre, se trouvait au premier rang et tomba la première sous les yeux de la reine. Elle était magnifiquement vêtue. Une haute coiffure en soie jaune, terminée en pointe et garnie d’une profusion de rubans

  1. Philippe, lors de son entrée à Bruges, s’étonna de ce que les habitants ne l’eussent pas reçu avec de suffisantes marques de satisfaction, (Annales de Bruges.)