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brodés d’or et d’argent, n’étaient pas surchargés d’ornements, et il était facile de voir que le goût le plus délicat et non une aveugle vanité l’avait guidé dans leur choix. Un casque argenté brillait sur son front et le long panache, qui le surmontait, retombait en ondoyant jusque sur le dos de son cheval.

La hautaine Jeanne de Navarre, sa femme, marchait à ses côtés, assise sur une haquenée à la robe brune ; elle était toute couverte d’or et de pierreries. Sa longue robe de drap d’or, retenue à la taille par une ceinture d’argent, descendait jusqu’à terre, et l’éclat de mille ornements en rehaussait l’éclat. Des perles, des nœuds, des broderies où entraient les matières les plus précieuses, faisaient resplendir son costume et le harnachement de sa haquenée. La princesse était orgueilleuse et vaine ; on pouvait lire sur son visage la joie insolente dont cette entrée triomphale gonflait son cœur. Elle promenait, avec une fière arrogance, ses regards hautains sur le peuple ébloui qui avait envahi les fenêtres, les pompes et jusqu’aux toits pour mieux voir le splendide cortége.

De l’autre côté du roi, s’avançait Louis le Hutin, son fils. Le jeune prince avait gardé sa modestie au milieu des grandeurs, et son charmant caractère n’en avait pas été altéré : sa physionomie accusait une bienveillante pitié pour ses nouveaux sujets, dont le regard trouvait sans cesse sur ses traits un sourire