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Les écuyers et servants d’armes remirent alors l’épée au fourreau, et amenèrent les chevaux de leurs maîtres.

— Êtes-vous prêts, messires ? demanda le comte de Valois. En ce cas, hâtons-nous, je vous en prie, sinon nous arriverons trop tard pour la chasse. Et toi, vassal, marche à côté de nous, et ne t’écarte pas du chemin. À quelle distance sommes-nous encore de Wynendael ?

Le jeune homme se découvrit respectueusement, s’inclina devant son sauveur et répondit :

— Encore une petite heure de marche, monseigneur.

— Cet homme-là m’est suspect ! dit Saint-Pol ; un loup se cache peut-être sous cette peau de mouton.

— C’est ce que je pense depuis longtemps, ajouta le chancelier Pierre Flotte. En vérité, il nous lance des regards de loup et dresse l’oreille, comme un lièvre, à nos moindres paroles.

— Ah ! ah ! je sais qui il est ! s’écria Châtillon. N’avez-vous pas, messires, entendu parler d’un certain tisserand, nommé Pierre de Coninck, qui habite Bruges ?

— Vous vous trompez, seigneur comte, observa Raoul de Nesle ; j’ai eu personnellement occasion, à Bruges, de parler au célèbre tisserand, et bien qu’il dépasse en finesse et en malice l’homme à qui nous avons affaire, je dois déclarer qu’il n’a qu’un œil, tandis que notre guide en a deux à son service.