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La rue de Cathelyne était garnie, dans toute sa longueur, de toile d’une blancheur de neige et de guirlandes de verdure. Les maisons des léliards portaient des chronogrammes adulateurs, sur des supports de forme quadrangulaire ; des parfums de toutes espèces brûlaient dans des vases richement ciselés, et des jeunes filles jonchaient de fleurs des champs le pavé des rues. La porte Cathelyne, par laquelle les princes devaient faire leur entrée, était ornée à l’extérieur de précieuses tentures de couleur écarlate. Des tableaux emblématiques faisaient l’éloge des dominateurs étrangers et insultaient au lion, ce glorieux symbole de nos ancêtres. Huit anges, portant des trompettes, étaient cachés en secret sur le rempart qui touche à la porte afin de saluer le roi d’une fanfare de bienvenue et d’annoncer son arrivée.

Les corps de métiers, armés de leurs goedendags, étaient groupés en rangs épais le long des maisons du grand marché. De Coninck, à la tête des tisserands, avait appuyé son aile droite contre le marché aux Bœufs ; Breydel, avec la corporation des bouchers, se trouvaient à côté de la rue des Pierres ; les autres métiers moins nombreux occupaient l’autre côté de la place. Quand aux léliards et aux nobles les plus distingués de la ville, ils s’étaient réunis au pied du beffroi sur une magnifique estrade.

À onze heures, les anges donnèrent du haut des remparts le signal de l’arrivée des princes, et le cor-