Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VII


Oui, tout était souriant et joyeux sur son passage ; à chaque pas elle marchait sur des fleurs : elle lisait de belles devises sur les arcs de triomphe ; elle voyait les chevaliers s’incliner devant elle, — et cependant la colère étincelait dans ses yeux, car à toute cette pompe, où rien ne semblait manquer, il manquait une chose, — la voix du peuple.
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxJ. A. Baederfort.



Les léliards avaient fait des efforts inouïs pour orner et embellir la ville : ils comptaient par là plaire à leur nouveau souverain et gagner ses bonnes grâces. Tous les compagnons des métiers avaient été employés à l’érection d’arcs de triomphe. L’argent n’avait pas été épargné : les étoffes les plus riches décoraient les façades des maisons : de jeunes arbres avaient été coupés dans la campagne et transportés dans la ville, pour transformer les rues en verdoyantes allées. — Le lendemain, à dix heures, tout était prêt.

Au centre du grand marché, le métier des charpentiers avait élevé un magnifique trône recouvert de velours bleu. À côté de ce trône se trouvaient des siéges et des coussins brodés d’or, et, aux angles, deux statues, la Paix et la Force, dont les mains