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parler. En vérité, le bon Dieu a mis trop d’esprit dans votre tête ; oui, pardieu, il y en a trop pour une seule, quant à moi, je veillerai sur la fille du Lion de Flandre, et nous verrons si un étranger la regarde de trop près ; les poings m’en démangent rien qu’en y songeant. Mais, aujourd’hui, il me faut aller acheter du bétail à Sissèle : à vous donc la garde de notre jeune comtesse.

— Soyez calme, ami Jean, et ne vous échauffez pas trop le sang… Nous voici rendus au Pand des tisserands.

Comme l’avait dit Breydel, des groupes nombreux de tisserands, stationnaient devant la porte de l’édifice. Tous portaient des pourpoints et des bonnets de même forme que leur doyen. Çà et là on remarquait un jeune compagnon à longs cheveux, dont les vêtements étaient un peu plus ornés, mais la différence n’était pas grande et le luxe était proscrit dans la corporation.

Jean Breydel échangea encore quelques mots à voix basse avec de Coninck, lui serra la main et le quitta l’air joyeux et satisfait.

À l’approche de leur doyen, les tisserands ouvrirent leurs rangs et se découvrirent respectueusement. Tous suivirent leur chef, et entrèrent dans le Pand.