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leurs cœurs, que tout joug leur était devenu insupportable. Si la force des armes les accablait par surprise, tous courbaient le front avec obéissance, et de Coninck, qui joignait la ruse à l’audace, dissimulait pendant quelque temps comme s’il eût perdu à la fois la parole et l’intelligence. Seulement le renard ne sommeillait pas longtemps, et, quand il avait retrempé secrètement le courage de ses frères, tous s’insurgeaient de nouveau, et à la même heure, contre leurs tyrans, et chaque fois la commune brisait ses fers. Toutes les combinaisons diplomatiques des nobles s’envolaient en fumée devant l’habile et pénétrant génie de de Coninck. Par lui, ils se virent enlever, sans pouvoir s’y opposer, tous les droits qu’ils s’arrogeaient sur le peuple. L’historien pourra dire, à juste titre, que de Coninck fut un des hommes qui contribuèrent le plus puissamment à changer les rapports politiques de la noblesse avec les communes ; aussi l’unique rêve du célèbre tribun, était-il d’émanciper et de grandir les Flamands, si longtemps courbés sous le joug féodal.

Lorsque Adolphe de Nieuwland lui confia la jeune Mathilde et la mit sous sa protection, un sourire de satisfaction éclaira sa physionomie. C’était là, à ses yeux, un triomphe pour le peuple, dont il était le représentant, et il comprit à l’instant même de quel secours la présence de l’illustre fille de Guy de Dampierre, pouvait être à la grande œuvre de la délivrance