Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reconnaissant. Cependant, messire, si ce que vous désirez était contraire aux droits du peuple et de la commune, je vous prierais de garder votre secret et de ne me rien demander.

— Et depuis quand, maître, s’écria Adolphe, depuis quand les sires de Nieuwland ont-ils porté préjudice à vos droits et franchises ? Ce langage m’offense !

— Pardonnez-moi, messire, si mes paroles vous ont blessé, répondit le doyen ; mais il est si difficile de discerner les bons des mauvais, que c’est à juste titre qu’on se défie de tous. Permettez-moi, dis-je, de vous poser une seule question, votre réponse dissipera tous mes doutes : messire de Nieuwland, êtes-vous léliard ?

Léliard ! s’écria Adolphe avec indignation ; léliard ! Je ne le suis pas, maître de Coninck ; dans ma poitrine bat un cœur qui n’a aucune sympathie pour l’étranger, et la prière que je voulais vous adresser lui est précisément hostile.

— Alors parlez donc franchement, messire ; je suis tout prêt à vous servir.

— Vous savez que le comte Guy est captif avec tous ses vassaux ; mais ce que vous ignorez, c’est qu’il est resté en Flandre une personne illustre, privée aujourd’hui de tous secours et de tout appui et qui, par ses infortunes, aussi bien que par son rang, a droit au dévouement et à la compassion des Flamands.