Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’émotion, que ressentit messire Adolphe en entendant ce récit sommaire, ne fut pas aussi vive qu’on eût pu s’y attendre. Il ne répondit pas et parut tomber dans une profonde réflexion.

— Ô mon Dieu ! s’écria-t-il tout à coup, quelles félicités réservez-vous donc là-haut à Guy de Dampierre, pour que vous lui fassiez subir tant d’humiliations en ce monde ? Mais dis-moi, Marie, le Lion de Flandre est-il aussi captif ?

— Oui, mon frère, monseigneur Robert de Béthune est prisonnier à Bourges et monseigneur Guillaume à Rouen. De tous les seigneurs qui se trouvaient réunis autour du comte, un seul s’est échappé, à ce qu’il paraît ; c’est Didier Devos.

— Je comprends maintenant les paroles brisées et les larmes de l’infortunée Mathilde. Sans père, sans famille, la fille des comtes de Flandre est réduite à demander asile à des étrangers !

En parlant ainsi, ses yeux étincelaient, ses traits prenaient une expression d’enthousiasme, et il poursuivit :

— L’adorable fille de mon prince et de mon souverain a veillé sur moi comme un ange gardien ! et, maintenant, elle est seule et abandonnée !… exposée à la persécution ; pauvre Mathilde ! Oh ! mais je me souviendrai des bienfaits du Lion de Flandre ; je

    après sa confiscation, traita les Flamands avec bonté, et se fit aimer d’eux.