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n’ai jamais souffert de la soif durant mes jours de souffrance ; la généreuse Mathilde a veillé sur moi avec tant de sollicitude ! Aussi, dès que je pourrai aller à Sainte-Croix[1], mes prières appelleront sur elle la bénédiction du ciel, afin que Dieu écarte toujours le malheur de ses pas.

Tandis qu’il parlait ainsi, Mathilde racontait à son faucon l’heureuse amélioration de l’état de son ami, et l’oiseau, en voyant sa maîtresse si joyeuse, battait des ailes comme pour se préparer à la chasse.

— Vois-tu, mon oiseau chéri, lui disait la jeune fille en tournant sa tête vers Adolphe, vois-tu, messire de Nieuwland, que nous avons vu souffrir si longtemps, est miraculeusement guéri ; nous ne serons plus contraints de garder le silence ; maintenant nous pourrons causer ensemble, et nous ne serons plus tristes comme auparavant. Il n’y a plus rien à craindre et peut-être nos autres sujets de tristesse disparaîtront-ils aussi ; car, vois-tu bien, Dieu est bon et compatissant. Oui, mon beau faucon, ainsi finira un jour la dure captivité de…

Mathilde sentit qu’elle allait dire une chose que le chevalier ne devait pas savoir. Avec quelque précipitation qu’elle eût brisé sa phrase, le mot captivité avait frappé l’oreille d’Adolphe. Les larmes qu’il avait remarquées en s’éveillant, sur les joues de la

  1. Village voisin de Bruges, où se trouvait jadis une chapelle célèbre de la Sainte-Croix.