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Ah ! soyez bénie pour les soins que vous prodiguez au pauvre chevalier…

La jeune fille le contemplait d’un œil radieux et, remarquant combien il revenait à la vie, elle leva avec joie les mains au ciel en témoignant son bonheur par des cris d’allégresse.

Ah ! vous guérissez, messire Adolphe ! s’écria-t-elle, mon Dieu, que je suis heureuse ! je ne pleurerai plus maintenant ; j’aurai du moins un frère qui me consolera !

Et, comme si elle se fut rappelé en cet instant une chose oubliée, elle se tut tout à coup, sa physionomie devint grave et elle se jeta à genoux aux pieds du crucifix placé au chevet du lit. Elle joignit les mains et adressa une fervente prière au Seigneur qui avait permis que son ami, son frère Adolphe guérît.

En se relevant elle considéra de nouveau le chevalier et lui dit d’une voix joyeuse :

— Restez tranquille, messire, ne bougez pas ; car maître Rogaert l’a défendu.

— Que n’avez-vous pas fait pour moi, noble fille de mon souverain ? dit Adolphe ; ah ! si vous saviez comme vos prières ont longtemps charmé mon oreille ! comme votre voix consolante retentissait doucement dans mon cœur ! Il me semblait qu’un ange de Dieu descendait vers moi et éloignait la mort de ma couche… Oui, un ange qui soutenait ma tête, qui apaisait ma soif ardente et m’assurait sans cesse que je ne mourrais pas, Oh ! que Dieu exauce ma prière,