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affluèrent de tous les pays vers la Flandre, et le commerce en reçut une impulsion et une activité impossibles sous le régime purement féodal. L’industrie devint florissante, le peuple s’enrichit, et, fier de sa dignité si longtemps méconnue, il se souleva plus d’une fois à main armée contre ses anciens maîtres. Les nobles, voyant par là leurs droits et leur fortune presque anéantis, s’efforcèrent, par la ruse et la violence, d’abaisser la puissance grandissante des communes. Mais, à l’époque dont nous parlons, ils n’y avaient pas encore réussi, car les richesses immenses des villes permettaient à ces derniers, en cas de danger, de mettre sur pied une armée qui leur permettait de défendre et de conserver intactes les libertés dont elles étaient en possession. En France, les choses ne s’étaient pas passées ainsi. Philippe le Bel, poussé par le besoin d’argent, avait bien convoqué une réunion générale du tiers état ou des gens des bonnes villes ; mais cela n’avait donné au peuple qu’une influence temporaire, influence qui n’avait pas tardé à disparaître au profit des nobles, qui ne pouvaient plus élever la voix, en Flandre, et qui ne possédaient plus que le droit de propriété commun à tous les flamands. Les nobles regrettaient vivement leur puissance perdue : l’unique moyen de recouvrer cette puissance, c’était d’amener la décadence des communes alors si florissantes, et, comme la liberté n’avait pas encore lui en France et que la domination des seigneurs féodaux y était encore exclusive et in-