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évidemment pris cette attitude menaçante pour se moquer du naïf Donat.

Pardons mit fin à cette plaisanterie en rappelant à ses camarades qu’ils devaient reprendre leur route pour ne pas laisser passer la fraîcheur du matin. Le soleil s’était levé radieux dans un ciel bleu foncé, il était probable qu’il ferait très-chaud vers midi.

Chacun prit une partie des instruments sur son dos. Le sort désigna Roozeman pour porter la claie ; mais Donat s’en chargea, et, malgré les instances de Victor, il ne voulut pas s’en dessaisir.

Ils reprirent donc leur voyage avec courage et restèrent presque pendant deux heures très-gais d’esprit, causant et plaisantant de leur combat contre l’ours et de la délicatesse de ses pattes rôties. Le baron seul était silencieux et paraissait plongé dans de tristes réflexions.

À la moindre parole qui résonnait un peu plus haut que les autres, Donat regardait ses compagnons avec méfiance, comme s’il s’attendait à des luttes et à des querelles ; mais, comme la bonne