Page:Conscience - Le Chemin de la fortune.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tomba par terre et demeura étendu dans les convulsions de la mort, en poussant des rugissements rauques. Quelques coups de pistolets abrégèrent son agonie et bientôt il ne fut plus qu’un cadavre d’une formidable grandeur.

Donat courut vers l’endroit où l’on avait entendu les premiers grognements de l’ours et trouva le mulet, à demi déchiré et sans vie dans une grande mare de sang. Il versa des larmes sur le cadavre du pauvre animal, et revint près de ses compagnons, auxquels il raconta, avec des plaintes amères, la fin malheureuse de son fidèle compagnon de voyage.

Tous étaient très-émus, dans la conviction qu’ils avaient couru un grand danger ; la perte du mulet les affligea vivement. À travers ce désert, peut-être à cent milles d’un lieu habité, épuisés, à bout de forces, ils devaient donc désormais porter les instruments et les provisions sur leur dos. Ce voyage si difficile et si triste auparavant, comme il allait devenir pénible et décourageant !

Une heure après, tous étaient roulés dans leurs