Page:Conscience - Le Chemin de la fortune.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour être arrivés aux placers et qu’ils ne les aperçurent pourtant pas, ils redevinrent mélancoliques, dans la douloureuse persuasion qu’ils s’étaient écartés de la bonne direction et qu’il leur faudrait encore passer la nuit dans les montagnes.

Tandis que, silencieux et déçus, ils gravissaient depuis plus d’une heure une haute montagne, Jean Creps, qui était en avant, se retourna et s’écria avec joie :

— Louez Dieu, mes amis ! Les voilà, là, tout en bas ! Hourra ! Les placers !

Ses compagnons accoururent, levèrent les bras vers le ciel avec transport et répétèrent :

— Hourra ! hourra !

— Voyez, voyez ! s’écria Donat stupéfait, sont-ce les placers ? C’est comme un nid de fourmis ! D’où viennent donc tous ces hommes, si ce sont des hommes ? Je crois qu’on en compterait au moins un mille. Descendons vite, mes amis ; si tous ces gaillards qui fouillent là-bas la terre comme des taupes doivent avoir une charge d’or, il n’en restera, parbleu, pas beaucoup pour ceux qui viendront trop tard !