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un peu Donat au commencement était le hurlement des coyotes, espèce de chiens sauvages, qui, la nuit, faisaient retentir au loin les vallées de leur aboiement plaintif. Mais le Bruxellois lui avait expliqué que ces animaux poltrons n’osent jamais attaquer l’homme et encore moins s’approcher du feu, même à une grande distance. D’ailleurs, Donat, qui, comme il le disait lui-même, avait passé, grâce à une faveur spéciale de Dieu, par le trou d’une aiguille, était plus aguerri contre le moindre danger et ne s’effrayait plus si légèrement.

Ils continuèrent ainsi leur voyage, épuisés, soufflant, suant, les pieds en lambeaux, jusqu’au dixième jour, où ils dressèrent leur tente, une heure avant la tombée du jour, dans une grande vallée, sur la lisière d’une épaisse forêt, pour que le mulet pût y chercher pendant la nuit une nourriture abondante.

Ce n’était plus seulement le baron qui murmurait contre Pardoes et l’accusait tout au moins d’étourderie : Jean Creps et le matelot s’étaient joints à lui et exprimaient leur mécontentement en pa-