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Lorsqu’il sentit que le nœud coulant lui serrait la gorge, il murmura encore :

— Ô mon Seigneur, ayez pitié de ma pauvre petite âme ! — Adieu, Anneken ! adieu, jusque dans l’autre monde !

Cette attitude et la dévotion qu’on pouvait lire sur le visage abattu de Donat, inspirèrent de la pitié à quelques-uns des assistants. Cinq ou six s’avancèrent et crièrent à la moustache rousse :

— Arrêtez ! arrêtez ! ce n’est pas ainsi que doit être appliquée la loi de Lynch ! Donnez à ce malheureux le temps de se justifier.

— Pendez-le ! pendez-le ! criaient d’autres voix. Mais ceux qui s’étaient opposés à la pendaison immédiate tirèrent leurs revolvers et dirent :

— D’après la loi de Lynch, le peuple est le juge ; nous sommes du peuple et nous voulons juger !

La moustache rousse, qui craignait une balle, se tint col, mais demeura sur le tonneau avec la corde à la main.

Donat fut interrogé en deux ou trois langues dif-