Page:Conscience - Le Chemin de la fortune.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mal têtu avançait toujours avec une rapidité tempérée, mais continuelle.

Au détour d’une montagne, Donat vit les stores et la grande foule amassée devant les tentes des marchands et les débits de boisson. Il criait et tapageait pour arrêter le mulet ; mais celui-ci, n’écoutant rien, le mena à travers la foule jusqu’au store d’un marchand de farine où il s’arrêta tout à coup.

— Qu’a donc cet animal stupide ? grommela Kwik en s’essuyant le front. Je comprends : il voudrait avoir un peu de nourriture sèche, mais cela lui passera sous le nez : il n’aurait qu’à en dévorer pour deux onces d’or !

En disant ces mots, il avait sauté en bas de son âne et voulait l’éloigner du store ; mais du fond de la tente surgit en ce moment une vilaine femme qui s’écria en anglais, les bras levés au ciel :

— God in heaven ! it is our old mule Jack ! « Dieu du ciel ! c’est notre vieux mulet Jack ! » Voilà l’assassin de notre pauvre cousin William ! L’animal reconnaît son écurie ; il a trahi le scélérat !