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Cette matinée-là, ils travaillèrent avec autant de passion que la veille en s’excitant l’un l’autre par des cris joyeux ; ils couraient avec leur charge de terre, du puits à la rivière, secouant fortement la claie, et versaient des torrents d’eau sur le tamis. Pardoes seul paraissait moins excité que les autres. Quand ses compagnons, à chaque examen du sable aurifère de la claie, battaient des mains avec joie et que Donat dansait de plaisir, il hochait la tête et un sourire de doute errait sur ses lèvres. Il s’efforçait de tempérer leur joie en leur faisant comprendre qu’il n’y avait pas lieu d’être si contents ; mais ils voyaient de l’or, beaucoup d’or, croyaient-ils ; et, chaque fois qu’on ouvrait la claie, il brillait de nouveau à leurs yeux. Qu’est-ce qui pouvait les empêcher d’amasser de grands trésors quand chaque heure les mettait ainsi en possession d’une nouvelle quantité d’or ?

Lorsque le soleil fut monté très-haut dans le ciel et que le moment de dîner fut venu, le Bruxellois fit cesser le travail près de la claie et commença devant eux à séparer le sable de la poussière d’or