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che de son long frac pour sécher deux larmes qui obscurcissaient sa vue.

Roozeman, dont l’esprit avait été assombri par la vue du cadavre et par les paroles de Donat, consola cependant son mélancolique ami en lui faisant repérer que Dieu, qui les avait visiblement protégés jusque-là, leur accorderait de retourner sains et saufs dans la belle et heureuse Belgique. Il parla de leur arrivée aux placers, des fouilles qu’ils allaient faire dès le lendemain, de l’activité avec laquelle ils travailleraient, de l’or qu’ils trouveraient probablement en abondance et qui leur permettrait de retourner bientôt en Europe riches et contents et de rendre heureux à jamais Anneken, Lucie, leurs parents et leurs amis.

L’esprit de Donat était extrêmement mobile. Il fallait peu de chose pour l’attrister et l’abattre ; mais peu de chose aussi suffisait pour lui faire envisager les choses sous un plus beau jour et lui rendre le courage et la confiance. Il souriait déjà aux joyeuses perspectives que le généreux Roozeman n’avait fait briller devant ses yeux que pour