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versa des larmes sur sa poitrine et l’appela avec transport du doux nom de mère. Victor contemplait avec ivresse ces marques d’amour de sa fiancée.

Le père de Jean Creps se leva et montra, en levant son verre, qu’il voulait aussi prendre la parole. Il s’adressa à son fils et dit :

— Jean, tu m’as promis tout à l’heure de travailler avec ardeur pour acquérir dans la patrie une position indépendante. Cela m’a fait plaisir ; car cette promesse double le prix de la nouvelle que j’ai à t’annoncer pour ta bienvenue. Mon commerce a été très-florissant pendant ton absence, et je puis maintenant, pour assurer le bonheur de mon fils, faire quelques sacrifices. Je me suis entendu avec le capitaine Morello ; nous réunirons les capitaux nécessaires pour élever une maison de denrées coloniales. Nous versons ces capitaux entre les mains des chers enfants que Dieu ramène sains et saufs dans nos bras après tant de chagrins et d’épreuves. Eh bien, mes amis, je bois à la prospérité de la nouvelle maison de commerce