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— Si nous buvions plutôt une bouteille de vin ? demanda le baron qui paraissait de bonne humeur.

— Une bouteille de vin ? Elle coûte au moins une once d’or et nous avons à peine dix dollars à nous tous.

— Va donc pour le grog, puisque le vin dépasse nos moyens.

La tente dans laquelle ils entrèrent était remplie de gens qui se tenaient tous debout et avaient un verre à la main, car il n’y avait là aucun siège. Aussi, dès que les Flamands eurent vidé leur grog et payé quatre dollars, ils quittèrent cet endroit, où l’on frémissait en entendant le langage grossier des ivrognes qu’on voyait chanceler de tous côtés et où l’on suffoquait à cause de l’épaisse fumée de tabac qui empêchait presque de respirer.

— Venez, maintenant, messieurs, dit le Bruxellois, nous en avons vu assez, et nous ne pouvons pas oublier que nos amis qui sont là-bas aimeraient aussi à venir dans la vallée et aux stores. Nous possédons encore six dollars. Nous en donnerons deux à Creps et à l’Ostendais pour boire