probablement d’un long voyage et devaient avoir traversé le Grand Océan ; car leurs visages étaient brunis par le soleil. Un d’eux agitait ses bras en l’air, dansait, criait et chantait ; les deux autres étaient moins surexcités ; mais leur physionomie rayonnait d’enthousiasme, et dans leurs yeux brillaient des larmes de joie et de bonheur.
Celui qui s’était fait remarquer par ses gestes passionnés s’écria tout à coup :
— Ah ! monsieur Victor, monsieur Jean, je tremble comme un jonc, à force d’émotion. Voyez là-bas, près de ce pont, un homme avec un shako, c’est le garde champêtre, le père de mon Anneken ! Ô mon Dieu, il n’est plus fâché contre moi, sinon il ne viendrait pas de Natten-Haesdonck pour attendre le bateau à vapeur et me serrer la main ! Et ne vois-je pas une jeune fille, une villageoise, à côté de lui ? C’est ma bonne Anneken elle-même ! Hourra ! hourra !
Ses compagnons tournèrent les yeux vers l’endroit désigné ; mais ils pensèrent que Kwik s’était assurément trompé, car le bateau était encore trop