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le pauvre Roozeman voulut faire un pas, ses jambes fléchirent sous lui, et il retomba lourdement sur le dos contre le pieu de la tente. Les autres s’élancèrent vers lui, le prirent dans leurs bras et lui adressèrent de douces paroles pour l’encourager et le consoler. Ils tremblaient d’effroi. Le visage de Victor avait la pâleur de la mort, ses yeux étaient vitreux et sans regard, sa bouche grimaçait comme dans les convulsions de l’agonie.

Il prit les mains de ses camarades, les serra doucement et dit d’une voix faible mais claire :

— Ô mes bons amis, écoutez-moi, j’ai une prière à vous faire, un dernier bienfait à implorer de votre amitié. Promettez-moi que vous consentirez.

— Tout, tout, même notre vie ! répondirent ses amis.

— Regardez-moi bien ; ma vie est à sa fin. La nature peut lutter en moi et résister à la mort pendant des heures, peut-être encore toute une journée… mais je ne reverrai plus jamais la vallée de Sacramento, c’est écrit là-haut…

Donat voulut lui fermer la bouche ; Jean