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sistez pas, ou je m’enfuis d’ici et vous ne me reverrez plus jamais !

— Ah ! quelle cruelle nécessité ! soupira Creps. La faim est un inexorable tyran. Eh bien, mange aussi un des oiseaux.

— Moi ? s’écria Donat. Je ne prétendrai pas que je sois sans appétit et que mon estomac soit à la noce ; mais je puis encore attendre quelques heures. Veillez donc avec confiance le pauvre Victor. Il est possible que je ne revienne qu’au grand jour. Cette fois, je ne cesserai ma chasse que lorsque j’aurai assez de gibier pour nous faire à tous un dîner copieux. Adieu, à bientôt !

À ces mots, il sortit en courant et disparut.

Victor paraissait dormir et ne remuait plus ; Creps resta assis à côté du lit-de-camp, jusqu’au moment où la clarté du jour pénétra dans la tente. Il avait mangé un des oiseaux et avait mis l’autre de côté sur son havre-sac. Souvent il regardait avec des yeux flamboyants, et tendait la main pour le prendre ; mais l’idée que Donat pourrait revenir les mains vides, et que Victor, à son réveil, de-