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retomba sans force sur son lit-de-camp. Il demeura étendu, haletant et râlant, comme un lutteur qui, après un combat opiniâtre, tombe vaincu dans l’arène ! Peu à peu sa respiration devint moins difficile. Alors les symptômes de sa maladie changèrent. Il se mit à parler, avec une admiration enthousiaste et du ton de la plus vive tendresse, de sa chère Belgique, de sa bonne mère et de Lucie, sa bien-aimée. Il saluait joyeusement la tour gigantesque qui domine comme un phare sa ville natale ; il voyait sa mère et l’embrassait ; il serrait en pleurant de joie la main de son amie fidèle ; il louait et bénissait Dieu qui le ramenait heureux et riche à millions dans sa belle patrie…

Si ses souffrances physiques et la crainte de sa mort avaient brisé le cœur de ses amis, le spectacle de sa folie les torturait bien plus encore ! Chacune de ses paroles était pour eux comme un coup de poignard !

Cette position terrible dura très-longtemps ; mais enfin la voix du malade se changea en un murmure confus qui devint de plus en plus faible, jus-