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larmes coulaient en silence ; un désespoir immense remplissait leur cœur brisé. Ils sentirent que la mort était assise entre eux, écoutant et comptant comme eux les derniers râles de leur ami.

Vers minuit, la fièvre parut un peu se calmer, car le malade devint moins agité et se tint tranquille pendant une demi-heure. Comme sa respiration, quoique pénible, restait libre et régulière, l’espoir de la guérison redescendit dans le cœur de ses compagnons. Ils échangèrent même quelques paroles joyeuses ; mais la fièvre n’avait interrompu sa lutte cruelle contre la vie que pour la reprendre avec une nouvelle fureur.

Victor commença tout à coup à se tordre, à tomber en convulsions et à crier, comme si des bourreaux invisibles le torturaient. Les cris d’angoisse de ses camarades remplissaient la tente ; leurs cheveux se dressaient sur leurs têtes ; car ils ne doutaient pas que cette crise ne fût la dernière convulsion de la mort…

Mais Victor, épuisé par ses mouvements furieux,