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moi des piastres à la place ; mais ne me vole pas, ou je renverse ta baraque.

— Qui t’appelle ? grommela le banquier. Prends ton or, et va ailleurs.

— Allons, allons, pas tant de paroles. Pèse-le, te dis-je, je ne détournerai pas les yeux de tes doigts crochus.

Le changeur enfonça sa main dans le petit tas de paillettes d’or, et prétendit que le métal n’était pas pur ; l’autre soutint le contraire en jurant. Tout en parlant et en discutant, le changeur pesa l’or et compta une certaine somme en piastres. Les chercheurs d’or quittèrent la boutique en disant que ce serait un fin renard, celui qui saurait les tromper.

Pardoes emmena ses amis. Lorsqu’il se vit assez éloigné du changeur :

— Je connais ce papa Crochu, dit-il. C’est le plus grand escroc que l’on puisse trouver dans toute l’Amérique. Il a fait en France dix ans de galère pour avoir signé de faux billets de banque. Vous croyez qu’il n’a pas trompé ce naïf blagueur ?