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s’arrêtèrent, le prirent par le milieu du corps et lui demandèrent s’il ne se sentait pas bien. Il n’avait plus la force de répondre. Sa tête retombait sur sa poitrine ; ses bras pendaient inertes le long de son corps.

Un cri perçant trahit l’angoisse de ses compagnons. Ils le laissèrent choir par terre, prirent sa tête dans leurs bras et se mirent, en versant des larmes amères sur son malheureux sort, à lui mouiller le front et les lèvres avec de l’eau.

Victor était étendu là sous leurs yeux, sans connaissance, la pâleur d’un cadavre sur le visage. Malgré tous leurs efforts pour le rappeler à la vie, il resta sans mouvement, comme s’il ne devait plus jamais s’éveiller de ce sommeil de mort.

L’effroi et le désespoir de Donat étaient immenses ; il s’arrachait les cheveux, se labourait la poitrine jusqu’au sang, se jetait sur le corps de son ami, l’embrassait, l’arrosait de ses larmes, et paraissait si égaré, que Creps ne sentait pas moins de pitié pour lui que pour Victor.

Un cri de joie inexprimable s’échappa de la poi-