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mier, recula avec un cri d’anxiété et bégaya :

— Un homme, j’ai vu un homme ! il est là, contre un arbre, droit devant nous ! Il est à moitié nu. Ô bon Dieu ! c’est un sauvage, je crois. Qu’allons-nous faire ?

— Restez ici, derrière les hêtres, et cachez-vous, répondit Jean Creps. Je verrai ce que c’est.

Il se coucha par terre et rampa jusqu’à la lisière du bois. Après quelques minutes, il retourna près de ses camarades et leur dit :

— C’est horrible ! L’homme que tu as vu est mort ; il parait lié à un arbre ; son corps et sa figure sont couverts de sang desséché. Venez, approchons.

Kwik n’était pas très-pressé ; il suivait pas à pas et regardait en tremblant autour de lui ; car la seule idée d’avoir vu un sauvage californien avait suffi pour le frapper d’une vive frayeur.

Ils contemplèrent, muets et frémissants, le cadavre que d’innombrables blessures rendaient méconnaissable.

— Comme ce pauvre homme doit avoir souffert !