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fera du bien et nous restaurera. Qui croirait que le buffet est ici dans les airs ? Je viens de grimper sur un arbre, un arbre si haut que je n’osais plus regarder en bas. La terre tournait et dansait autour de mol ; si je n’avais pas fermé les yeux, je n’aurais plus faim, soyez-en sûrs.

Les autres lui dirent combien son absence les avait effrayés.

— Tenez, je n’avais pas pensé à cela, répondit-il : que perdrait-on à moi ? Je vous remercie cependant de votre bonne amitié. Les sénevés pèsent encore sur mon estomac comme un boulet de canon ; je les sens se remuer dans mon corps à chaque pas que je fais. J’ai dormi d’un sommeil inquiet ; j’étais éveillé avant le jour. Dans l’espoir de pouvoir tirer quelque gibier, je suis allé dans le bois. Je n’ai rien aperçu, que deux grands oiseaux qui volaient à plus de cent pieds de hauteur, autour de la cime d’un arbre, et faisaient entendre par leurs cris qu’ils avaient leur nid là. À qui le disaient-ils ? Les paysans connaissent cette langue. Je suis resté longtemps sur l’arbre et près du nid,