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le bois ; nous ne verrions plus le gibier, si gibier il y a. Un estomac vide ne nous empêchera pas de dormir pour une fois.

— C’est-à-dire que je mangerais abondamment, s’écria Donat. Un cheval affamé mange bien des chardons. J’ai vu beaucoup de senevés autour de la tente. Je vais me faire un souper de cela, comme ma mère faisait pour Biesken, notre vache. Cela peut être mauvais et amer comme du fiel, je m’en moque. Notre vache n’en mourut pas, il est possible que j’en vive. Essayons ; qui sait, peut-être est-ce bon.

Il cueillit en toute hâte une brassée de senevés et la mit sur le feu avec de l’eau dans la marmite.

Lorsqu’il crut que cela avait assez bouilli, il se mit à en manger et invita ses camarades à suivre son exemple. C’était dégoûtant. Creps et Victor n’en prirent qu’une bouchée. Donat, au contraire, dévora toute la verdure bouillie et se frotta les mains en riant.

— Certes, dit-il, des côtelettes de porc frais avec des jets de chou, c’est meilleur ; mais peu importe