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Jean Creps crut aussi prudent de s’éloigner avec toute la hâte possible d’un bois qui pouvait servir d’abri à des sauvages californiens. Donat força Roozeman à s’appuyer sur son bras ; il le soutint si bien et allégea avec tant de soin les difficultés de sa route, que son ami, bien qu’épuisé, fit encore, avec quelques intervalles de repos, une lieue et demie de chemin, avant de les supplier lui-même de ne pas avancer plus loin ce jour-là.

Ils étaient dans une vallée assez large, au milieu de laquelle une rivière avait coulé pendant la saison des pluies. Maintenant ce cours d’eau ne formait plus qu’un petit ruisseau qu’on pouvait franchir d’une enjambée. Aussitôt que la tente fut dressée, Creps et Donat se rendirent dans la partie boisée du vallon, pour voir s’il ne leur serait pas possible de prendre quelque gibier. Après avoir cherché inutilement pendant une heure, ils perdirent courage.

— Cessons ces tentatives inutiles, dit Jean Creps. Le repos nous est aussi nécessaire que la nourriture ; et, d’ailleurs, il commence à faire noir dans