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dévorera. Hâtons-nous ; je ne veux pas mourir ici ! Toi, Victor, tu ne peux pas rester près de ces cadavres. Retourne auprès du feu, fais cuire l’oiseau. Obéis-moi. Nous enterrerons en toute hâte les cadavres ; alors, nous quitterons une terre maudite où la famine nous menace. Va, te dis-je.

Victor obéit machinalement. Creps et Donat creusèrent une tombe au pied des rochers et la comblèrent d’un peu de terre et de grandes pierres de roches, pour protéger les restes de leurs malheureux amis contre les animaux sauvages. Donat lia un morceau de bois à une branche en forme de croix, qu’il plaça sur la tombe pour indiquer que c’étaient des chrétiens qui reposaient sous ce tas de pierres.

Tous deux s’agenouillèrent encore une fois, récitèrent une prière, versèrent une dernière larme et retournèrent à la tente.

Le pigeon rôti fut partagé et dévoré en un clin d’œil. Sur l’ordre de Creps, on enleva en toute hâte la toile de la tente et on apprêta les bagages pour partir.