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gardé par des diables invisibles. Qui sait si demain ils ne renverseront pas sur nous les hautes montagnes qui nous environnent ? Ne tardons pas, partons tout de suite. J’ai de l’or plein le dos, pardieu !

— Partir ? objecta Roozeman. Nous ne pouvons abandonner notre pauvre ami Pardoes dans cet état.

— Mais, mais, bonté du ciel, dites-moi donc, qu’allons-nous faite d’un mourant et d’un insensé ? s’écria Donat effrayé. Pas de moyen d’existence, pas de fusils pour chasser ! Nous mourrons de faim… Et en route, les voleurs, les sauvages, les ours ? Maintenant, je comprends le baron. Pardoes est en effet le plus heureux. Il a fini. Hélas ! pauvre Kwik, pourquoi as-tu quitté l’heureux Natten-Haesdonck ?

Jean Creps se leva et dit avec résolution :

— Notre lot est horrible, mes amis. Hier, nous n’avons presque pas mangé. Si nous ne tentons pas un effort immédiat pour nous procurer de la nourriture, la famine fera bientôt de nouvelles victimes.