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cience ; il ne craint ni la honte, peine de l’esprit, ni la faim, peine du corps ; le monde et la nature perdent leurs droits. Bientôt la mort brisera mes chaînes et me délivrera de votre tyrannie ; je serai riche, puissant, invincible ; j’aurai de l’or, des maisons pleines d’or, des montagnes d’or ! Hourra ! hourra !

Et, tout égaré, il sauta sur ses pieds, leva les mains d’un air impérieux et donna d’une voix brève différents ordres à ses camarades. Il les prenait pour ses domestiques ; ce qu’il leur disait concernait ses prochaines funérailles, qu’il voulait aussi somptueuses, aussi solennelles que celles d’un roi. Excité ainsi par des illusions où le sentiment de l’orgueil se mêlait à l’idée de la mort, il continua à divaguer encore quelques instants, malgré les efforts de ses camarades pour l’apaiser.

Enfin il se calma de lui-même et s’accroupit de nouveau, comme si rien ne l’avait ému.

— Horrible ! horrible ! murmura Victor.

— Ce lieu est ensorcelé, dit Donat. L’or y est