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dait maintenant aux grossières sorties de son persécuteur par un sourire de triomphe, accompagné de menaces dans ce genre :

— La délivrance approche ; la tyrannie va cesser ; c’est fini, fini pour l’éternité !

Vers midi, lorsque l’heure du repas arriva, le baron était assis près du feu occupé à ronger les restes d’une carcasse d’oiseau. Le matelot était, comme d’habitude, debout, près du puits d’où ils avaient déjà tiré tant d’or ; il se grattait le front, frappait des pieds et faisait des gestes d’impatience. Pardoes, qui se promenait au pied des rochers, avait, depuis une couple de minutes, tenu l’œil fixé sur l’Ostendais. Il s’approcha de lui et dit en plaisantant :

— L’or qui est là-dessous t’a ensorcelé. Tu rêves donc encore aux moyens de t’en emparer ?

— Rêver ? répéta l’autre d’un ton singulièrement agité. Rêver ? Je possédai cet or, aussi vrai que je vis, te dis-je !

— As-tu donc envie de risquer de nouveau le plongeon ? je ne te conseillerais pas cette dangereuse tentative.