Page:Conscience - Le Chemin de la fortune.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours, et il restait encore près d’un tiers du demi-cercle à construire avant qu’on pût commencer à vider la partie clôturée. Le douzième jour, pendant qu’ils dînaient, Pardoes leur apprit que le lendemain, leur provision de lard serait épuisée, et qu’il ne leur restait que peu de farine. Leur ardeur à terminer la digne leur avait fait perdre de vue la diminution de leurs provisions. Il était temps de réparer cette négligence ; il fallait aller chaque jour à la chasse pour se procurer leur nourriture. Pour que l’ouvrage n’en souffrit pas trop, Pardoes proposa d’envoyer dès le lendemain Victor et le baron à la chasse ; ils y trouveraient une distraction agréable et un exercice salutaire.

Le matelot murmura et demanda que le sort fût consulté. D’après lui, le proverbe : Chacun pour soi, était la loi suprême en Californie, et chaque goutte de sueur ne devait profiter qu’à celui qui l’avait versée. S’il plaisait à quelqu’un de devenir malade ou fou, c’était tant pis pour lui.

Creps et Donat se déchaînèrent avec fureur contre lui ; mais, comme Victor refusa positive-